Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/384

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enchaînée depuis longtemps ; son effort est de s’en délivrer ; c’est pourquoi cette essence divine, prisonnière et souffrante, n’est autre Jesus patibilis, et c’est là la seule passion, la véritable passion qu’endura le Verbe émané de Dieu[1].

Cependant cette âme de l’homme primitif, qui avait servi à former le soleil et la lune et y résidait, était devenue une puissance qui avait pris le nom de Christ ; car le véritable Christ, selon les manichéens, résidait dans le ciel, tantôt dans le soleil, tantôt dans la lune ; c’est dans le soleil qu’il cherche à attirer à lui les parties spirituelles égarées en la matière. Il a pris un corps, s’est fait homme ; mais ce corps dont il était revêtu n’était pas réel, il s’est évanoui au moment où les Juifs l’étendaient sur la croix. Ainsi le Christ n’est point venu sur la terre pour y répandre un sang qu’il n’avait pas, mais pour y mettre une vérité qui servirait aux âmes des hommes, émanation de la divinité, à s’éclairer et à revenir à lui.

Il y a trois catégories d’âmes : Les pneumatiques sont les plus parfaites ; elles peuvent se débarrasser de la chair et se purifier dans le soleil. Les âmes psychiques sont les âmes passionnées, faibles, mais non point mauvaises, qui feront des efforts, mais pas assez pour triompher, et qui devront recommencer une vie nouvelle dans d’autres corps et passer par une seconde existence. Les âmes hyliques sont les âmes matérielles, qui

  1. S. Aug.. de Hæresibus, c. XLVI.