Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/388

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homme, et que Julien établit les fêtes mithriaques à Constantinople ; d’ailleurs, des monuments innombrables attestent ce culte à Milan, dans le Tyrol, dans les Gaules et jusqu’au fond de la Germanie. Mais il y a quelque chose dans le manichéisme que le système de Zoroastre avait ignoré : car cette religion, plus rapprochée des origines du monde, n’a jamais connu cet anathème absolu infligé à toute chair, cette croyance à la dégradation universelle de tout être créé, cette captivité de la puissance divine ; elle n’avait jamais songé à interdire le mariage et la procréation ; ces doctrines sont bouddhiques, elles viennent du culte de Bouddha, dont j’ai montré la propagation active, ardente, passionnée, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Seulement il est difficile de dire si c’est directement aux sources bouddhiques que Manès a puisé, ou bien si c’est dans d’autres sectes gnostiques, imprégnées elles-mêmes de cette doctrine orientale, que Manès aurait recherché les enseignements qu’il donnait à ses disciples. Quoi qu’il en soit, le paganisme se montre partout, et, peut-être même à cause de ce paganisme, la doctrine manichéenne eut un empire incroyable sur ces esprits qui semblaient avoir été arrachés pour toujours aux erreurs du monde païen.

À la fin du quatrième siècle, sous Théodose, quand le christianisme a déjà un siècle d’empire et semble maître de tous les esprits comme de toutes les provinces, le manichéisme devient plus redoutable que jamais, et l’idolâtrie semble prendre sa revanche.