Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/392

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longtemps, ont tyrannisé les intelligences ; mais, en même temps que le christianisme échappait au danger de devenir une mythologie, il courait le risque de se réduire tellement à un système purement rationnel, qu’il ne fût plus qu’une opinion philosophique.

Parmi ces nouvelles hérésies, il en est deux surtout que je veux vous faire connaître : l’arianisme et le pélagianisme. De toutes les doctrines philosophiques de l’antiquité qui pouvaient avoir un certain prestige pour des intelligences chrétiennes, deux surtout devaient les frapper davantage : la doctrine de Platon et celle de Zénon, l’une la plus élevée par la métaphysique, l’autre la plus saine par la morale.

La doctrine de Platon, en donnant de hautes notions de Dieu, le représentait agissant sur le monde par le moyen des idées ; ce n’est pas ici le lieu de définir les idées de Platon ; ce qu’il importe de constater, c’est que Platon lui même n’a rien défini, et qu’en les représentant comme le principe de toutes les connaissances, Platon a évité de s’expliquer sur le point de savoir si elles résident en Dieu ou hors Dieu, si elles se réduisent à une seule ou si elles sont multiples, si les idées réunies forment le Λόγος, le Verbe divin, ou bien si elles ont une existence distincte et personnelle. Platon, sur tous ces points, a gardé le silence ; mais ses disciples n’ont pas imité sa réserve, et ces questions ont fait le tourment de toutes les écoles platoniciennes. Un juif d’Alexandrie, nommé Philon, tourmenté du besoin de mettre d’accord sa foi mosaïque avec les doctrines