Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/394

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nes ; il y avait aussi les judaïsants qui, tout en croyant au christianisme, le trouvaient trop lourd pour leur foi et cherchaient à lui enlever son auréole ; enfin le nombre infini de ceux qui n’étaient entrés dans le christianisme qu’à la suite des empereurs, qui cherchaient à atténuer ces croyances, qui se réfugiaient dans une sorte de mysticisme, de dogme moral supérieur à ceux que l’antiquité avait produits, mais qui ne supportaient pas volontiers les mystères : ce furent ces trois sortes d’esprits qui devinrent comme les éléments de la secte arienne ; et quand Arius parut, il ne fut que leur organe.

Arius renouvelle Philon : il professe que Dieu est trop pur pour agir sur la création et que le monde ne supporterait pas l’action divine ; il a fallu susciter un être moyen, plus divin que la création, moins divin que Dieu même : cet être est le Verbe, créé et non pas éternel ; jouissant d’une lumière et d’une sagesse considérable, mais non pas infini ; saint, mais non pas immuable dans sa sainteté et pouvant déchoir ; Dieu, avant même de le mettre à cette épreuve souveraine de l’incarnation, ayant prévu qu’il en sortirait vainqueur, le récompensa en l’instituant créateur et sauveur des hommes. Ce Verbe, uni à un corps, a été l’homme Jésus : ainsi plus de divinité du Christ ; l’homme n’ayant jamais été en rapport immédiat avec Dieu, la chute originelle n’a plus la même gravité, la rédemption le même effet ; elle ne met pas l’homme en communication immédiate avec Dieu, puisqu’il reste trop faible pour communiquer avec la bonté, avec la sagesse infi-