Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/398

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ports du Christ avec Dieu, Pélage les rapports de l’homme avec le Christ, puisqu’il niait la grâce, le péché originel, la rédemption ; ainsi tous les rapports surnaturels étaient rompus entre l’homme et Dieu, et dès lors toute religion périssait ; car la religion (religare), c’est un lien entre deux extrêmes, entre l’homme et Dieu, entre le fini et l’infini ; en même temps disparaissaient les mystères, c’est-à-dire le principe de la foi et le principe de l’amour ; il restait un déisme savant, subtil, mais un déisme faible, et, comme le seront toujours les opinions scientifiques, impuissant pour féconder et régénérer l’humanité tout entière. La science a son domaine, et elle l’a assez vaste, assez glorieux ; mais il n’est pas donné à la science d’être populaire, universelle ; elle ne subsiste qu’à la condition d’être limitée à un bien petit nombre d’hommes. Combien, à l’heure qu’il est, en pleine civilisation, en plein christianisme, combien y a-t-il de métaphysiciens en Europe, d’hommes capables d’arriver par le seul effort de leur pensée à une notion précise de Dieu, de la destinée de l’homme ? Et s’il en est ainsi, qu’était-ce donc lorsque le monde venait de passer par cette épreuve terrible de sang et de feu et qu’il gémissait encore sous l’épée des barbares ? Que serait-il arrivé alors si le principe de foi n’eût été renfermé dans les flancs de cette nouvelle société, si à cette époque où tout semble en ruines ne se fût révélée cette puissance qui venait tout reconstruire ? Il fallait plus que la science pour faire l’éducation de ces peuples sanguinaires et