Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/431

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sont arrivés jusqu’à Dieu et à l’immortalité de l’àme ; mais ils ont trouvé une vérité sans la charité, ils ne sont parvenus qu’à une vérité incomplète ; ils ont bien aperçu le but, mais ils n’ont pas pris le chemin qui devait y conduire[1] : « Autre chose est d’apercevoir la patrie de la paix comme sur le haut d’une montagne couverte de forêts hantées par les bêtes féroces et les esclaves fugitifs, sans en connaître le chemin ; autre chose est d’être sur la route tracée par le Maître souverain. » Voilà la différence qu’il établit entre la philosophie antique et la philosophie chrétienne, dont il est l’un des plus grands et des plus illustres représentants ; il ne la conçoit que par l’union de la raison et de la foi. Dieu lui-même, dit-il, ne peut mépriser la raison, car comment Dieu mépriserait-il en nous ce qui nous distingue des autres créatures ? Aussi ne veut-il pas que nous cherchions la foi afin de cesser de raisonner ; il veut, au contraire, que la foi obtenue nous fasse raisonner encore, qu’elle donne à la raison des ailes plus fortes et plus puissantes ; car, dit-il, nous ne saurions croire si nous n’étions raisonnables. La raison précède la foi pour constater l’autorité ; elle suit la foi, car, après que l’intelligence a trouvé Dieu, elle le cherche encore.

Saint Augustin est bien éloigné de vouloir désespérer la raison par le spectacle des contradictions philosophiques des anciennes écoles. Au contraire, il blâme la

  1. De vera religione, initio.