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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/433

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n’en trouve pas d’autre que le Cogito, ergo sum. Le progrès de Descartes ne consistera qu’à mettre cette idée plus en relief, qu’à s’en emparer pour ne plus la quitter et ne plus se laisser entraîner aux vaines spéculations de la raison ; il s’arrêtera sur le point que saint Augustin a marqué ; mais c’est lui qui a laissé là ce sceau et cette marque qui feront que les générations suivantes y reviendront pour méditer cette page et en extraire tant d’autres également immortelles.

Ainsi l’âme est au moins sûre de sa pensée, sûre qu’elle doute, qu’elle pense, qu’elle veut, sûre de tous les témoignages de sa conscience ; elle trouve des sensations : d’où viennent-elles ? Les platoniciens allèguent les erreurs des sens, la rame, qui paraît brisée lorsqu’on la plonge dans l’eau, et la tour, qui semble branlante lorsque de la mer on la regarde sur le rivage. Mais saint Augustin répond avec tout l’ascendant de la vérité philosophique : Les sens ne vous trompent pas ; ils vous tromperaient s’ils vous montraient la rame droite et la tour immobile ; c’est vous qui vous trompez en leur demandant des jugements lorsque vous ne devez leur demander que des impressions[1].

Saint Augustin s’élève plus haut : il trouve dans l’âme, dans la conscience, quelque chose de plus grand que le sens intime, de plus solide que les sensations ; il trouve des idées, des notions universelles, des notions

  1. Contra Academicos, l. III, c. XI.