Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/435

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être particulier a donc sa raison particulière. Mais ces raisons ne peuvent résider que dans la pensée du Créateur ; car il ne considérait pas un modèle placé hors de lui-même, et les raisons des choses produites étaient nécessairement contenues dans l’intelligence divine[1]. »

Ainsi la raison divine est présente à la raison humaine par ces vérités éternelles, par cette vue des nombres et des raisons essentielles de toutes choses. Ainsi, lorsque la parole nomme hors de nous ces choses invisibles et ces vérités absolues, ce n’est pas la parole qui nous porte l’idée, elle ne fait que nous avertir de consulter le maître intérieur, qui, lui, nous nomme le vrai, le beau, le juste, dans une autre langue qui n’est ni l’hébreu, ni le grec, ni le latin, ni le barbare, mais une certaine langue que tout le monde entend depuis le commencement des choses ; et ce maître qui nous parle cette langue éternelle n’est autre chose que le Verbe, que le Christ véritable qui est présent au dedans de l’homme.

Voilà la psychologie de saint Augustin : je l’abandonne pour le voir traiter les deux thèses de la spiritualité et de l’immortalité de l’âme, et franchir par là l’espace qui nous sépare du second point de sa métaphysique : la recherche de Dieu. Car saint Augustin ne se laisse pas arrêter par ce scrupule qu’il serait inconvenant, qu’il serait coupable de commencer par la connaissance de soi-

  1. Liber de diversis quæstionibus, c. XLVI.