Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/439

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C’est ainsi que, par un troisième effort et pour ainsi dire par un troisième assaut, il fait brèche dans la métaphysique et entre en possession de l’idée de Dieu ; mais cette idée de Dieu, dont il est maître, il sait combien il est périlleux de la confier au langage humain, et au moment où il semble sûr de posséder Dieu, il déclare que peut-être il vaudrait mieux ne pas tant savoir : Scitur melius nesciendo[1], et il reconnaît l’inexactitude de tous les mots humains pour rendre les attributs de la Divinité. Il aperçoit à droite et à gauche les périls du dualisme et les périls du panthéisme, et comment ne les craindrait-il pas, lui, si longtemps mêlé aux manichéens ? Il évite le danger en disant que le mal ne forme pas un principe opposé au bien, qu’il n’y a pas deux principes contraires, que le mal n’est pas, que ce n’est qu’une privation, une défection du bien, une infériorité dans le bien, que les êtres n’ont d’être que ce qui leur est donné par Dieu, que par conséquent, hors de Dieu, il n’y a rien, et ainsi il écarte à tout jamais les périls du dualisme. Mais il semble alors qu’il tombe dans le panthéisme, surtout lorsqu’il laisse échapper ces fortes expressions que les êtres ne sont pas…… Mais ne craignez point qu’il retourne à ses anciennes erreurs et qu’il voie dans les êtres une émanation de la Divinité…… Non, Augustin se tire du péril par ce qui était une nouveauté en philosophie, par le dogme de la création ; c’est là ce qui le sauve du panthéisme. Les anciens

  1. De ordine, l. II, c. XLIV.