l’épigraphe de ses œuvres, se fera gloire, comme saint Augustin, d’écouter le maître intérieur qui nous parle une langue éternelle, de Malebranche enfin qui fera profession de tout voir en Dieu.
C’est cette grande et puissante métaphysique chrétienne à laquelle a été suspendu, depuis le cinquième siècle jusqu’à nos jours, tout l’ensemble de la civilisation moderne. Son action reste inaperçue au milieu des passions et du tumulte des affaires présentes ; mais, chez les nations sérieuses, éclairées, des temps modernes, c’est la métaphysique qui est au fond de toutes choses et qui les conduit ; c’est elle qui a fermé l’opinion publique des peuples chrétiens ; c’est elle qui gouverne tout, qui a donné la raison première de toutes les institutions au milieu desquelles nous vivons. Dante, arrivé au sommet du paradis, voit Dieu comme un point mathématique, qui n’a ni longueur ni largeur, mais autour duquel roulent les cieux :
Da quel punto
Dipende il cielo e tutta la natura.
La métaphysique, l’idée de Dieu, est ce point auquel est suspendu tout le ciel de nos pensées, de notre nature, de nos éducations, toute la société, toute la civilisation chrétienne. Tant qu’on n’aura pas ébranlé ce point, tant qu’on n’aura pas touché à cette idée de Dieu, je n’ai pas peur pour cette civilisation.