Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/57

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cette œuvre, à laquelle je ne promets pas de durée. J’écris cependant, parce que, Dieu ne m’ayant point donné la force de conduire une charrue, il faut néanmoins que j’obéisse à la loi du travail et que je fasse ma journée. J’écris comme travaillaient ces ouvriers des premiers siècles, qui tournaient des vases d’argile ou de verre pour les besoins journaliers de l’Église, et qui, d’un dessin grossier, y figuraient le bon Pasteur ou la Vierge avec des saints. Ces pauvres gens ne songeaient pas à l’avenir ; cependant, quelques débris de leurs vases, trouvés dans les cimetières, sont venus, quinze cents ans après, rendre témoignage et prouver l’antiquité d’un dogme contesté.

Nous sommes tous des serviteurs inutiles ; mais nous servons un maître souverainement économe et qui ne laisse rien perdre, pas plus une goutte de nos sueurs qu’une goutte de ses rosées. Je ne sais quel sort attend ce livre, ni s’il s’achèvera, ni si j’atteindrai la fin de cette page qui fuit sous ma plume. Mais j’en sais assez pour y mettre le reste, quel qu’il soit, de mon ardeur et de mes jours. Je continue d’accomplir ainsi les devoirs de l’enseignement public ; j’étends et je perpétue, autant qu’il est en moi, un auditoire que je