Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/70

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une puissance active qui cherche la lumière, fides quaerens intellectum. Elle conserve la vérité révélée, mais elle la médite, elle la commente, et du symbole que retient la mémoire d’un enfant, elle tire la Somme de saint Thomas d’Aquin. La morale ne change point, mais l’amour qui la met en pratique ne connaît pas de repos. Les préceptes restent, mais les œuvres se multiplient. Toutes les inspirations de la charité chrétienne sont déjà dans le Sermon sur la montagne : cependant il fallait des siècles pour en faire sortir les monastères civilisateurs, les écoles, les hôpitaux qui couvrirent toute l’Europe. Enfin, le culte ne change pas, du moins dans son fond, qui est le sacrifice : un peu de pain et de vin, au fond d’un cachot, suffisait à la liturgie des martyrs. Mais une espérance infatigable pousse l’homme à se rapprocher de la beauté divine qui ne se laisse pas contempler ici-bas face à face. Il s’aide de tout ce qui semble monter au ciel, comme les fleurs, le feu, l’encens. Il donne l’essor à la pierre et porte à des hauteurs inouïes les flèches de ses cathédrales. Il ajoute à la prière les deux ailes de la poésie et du chant, qui la mènent plus haut que les cathédrales et les flèches. Et cependant il n’arrive encore qu’à une distance infinie du terme qu’il poursuit. De là cette mélancolie qui respire dans les hymnes de nos grandes fêtes. Au sortir des pompes sacrées, l’homme religieux ressent l’ennui de la terre et dit comme saint Paul : « Je désire la dissolution de mon corps pour être avec le Christ. Cupio dissolvi. » Ce cri est encore celui d’une âme qui veut