Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec toute l’opiniâtreté du désespoir à cette suprême illusion. C’est donc avec une angoisse inexprimable que je l’ai vue m’échapper, lorsqu’un accès de fièvre, déterminé par la température orageuse des premiers jours d’octobre, nous a signalé les approches de sa fin. Et cependant les facultés intellectuelles et morales que la maladie avait d’abord abattues semblaient se relever toutes les fois qu’on lui parlait de Dieu et de ses enfants, elle répondait par quelques mots touchants ; elle comprenait toute la gravité de sa position, et néanmoins elle était calme, sereine, et durant le sommeil le sourire s’épanouissait sur ses lèvres.

Notre excellente mère était si pieuse et si charitable, si exempte même des petites imperfections de son sexe, si éprouvée par des chagrins et des souffrances de toute nature, si admirable dans ses derniers moments, que nous ne pouvons nous empêcher d’avoir beaucoup d’espérance, et qu’à tous les saints sacrifices offerts à son intention nous avons fait attacher une intention subsidiaire pour nos autres parents défunts. Sans doute elle repose dans le sein de Celui qu’elle aima, et, lorsque du haut de ces splendeurs divines elle nous voit agenouillés encore sous nos crêpes funèbres, et priant afin de lui obtenir la délivrance dont elle jouit déjà, sans doute elle nous pardonne ce deuil et cette erreur, et elle fait retomber en rosée bienfaisante sur des âmes moins heureuses des prières inutiles pour elle.