guerres dont elle a été le théâtre, et par le mauvais goût dont elle a été l’école, l’Italie ne saurait être étudiée complétement que dans cette île où se sont réfugiées ses vieilles mœurs, ses vieilles traditions, sa vieille langue. Là, les temples grecs sont debout, et couronnés de leurs beaux portiques, mieux qu’à Athènes et à Thèbes. Le génie des Doriens règne encore sur Agrigente, et quand on s’assied au milieu des ruines de Syracuse, on sent remuer autour de soi toute l’histoire. Rome a marqué son empreinte aussi puissamment dans l’amphithéâtre de Catane qu’au Colisée. Le palais moresque de la Ziza éternise, comme Grenade et Cordoue, la gloire passagère des Arabes. C’est à Montréal, parmi les splendeurs de son admirable basilique, c’est là seulement, qu’on peut concevoir l’éclat chevaleresque et la foi religieuse des Normands qui reconquirent ces contrées. Puis tout l’art du moyen âge, la peinture préludant par de gigantesques mosaïques à ses futures merveilles ; l’architecture réunissant les deux styles byzantin et gothique, pour des créations dont aucun autre lieu n’offre l’exemple. Partout de vieux tableaux sur bois à fond d’or conservés avec un respect ailleurs inconnu. Enfin une nature admirable dans sa sauvage et virginale beauté. Le phare de Messine et le golfe de Palerme éclipseront toujours dans mes souvenirs les tableaux si vantés de Baïa et de Castellamare.
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