condition de nos destinées, qui seront belles peut-être. Ne dis donc plus que je t’oublie. Moi, j’oublierais ce bon Ernest, ce cousin, cet ami de mon cœur, avec lequel j’ai passé des heures si douces, des journées si pleines! Oh !ne le crois pas : bien souvent tu es présent à mon esprit bien souvent, en causant avec Henri Pessonneaux, avec nos amis lyonnais, ton nom se mêle à nos discours, nous faisons mémoire de toi.
Puisque tu me demandes mon avis sur tes idées, je t’avoue que je crois qu’il y a confusion de ta part sur un point. Je vois une grande différence entre l’époque patriarcale et l’époque théosophique. Chez le patriarche il y a foi : héritier de la croyance pure et sans mélange, il adore le Dieu esprit, il est monothéiste ; son culte est aussi peu compliqué que sa religion. Les sacrifices humains lui sont inconnus. Le patriarche représente la société tout entière à laquelle il préside. Mais vient un âge où les hommes plus nombreux ont aussi plus de besoins, où les peuples se forment, où les conditions se dessinent, se limitent, où chacun prend un état. Alors, préoccupés par l’exercice de leurs fonctions spéciales, renfermés dans les bornes de leurs travaux, les hommes laissent le soin de prier. et d’enseigner à ceux que leur génie appelle plus spécialement à cette fonction, le sacerdoce s’élève : de domestique il devient public, il devient à son