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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

semble que toute la destinée de l’art, est dans l’énigme de Samson ce chef d’Israël trouva un rayon de miel dans la gueule du lion qu’il avait tué, et il proposa cette énigme aux Philistins : La douceur est venue du fort. Or les Philistins, instruits par Dalila, dirent : Quoi de plus doux que le miel et de plus fort que le lion ? Ne pouvons-nous pas dire : Quoi de plus fort qu’Arnolfo di Lapo et de plus doux qu’Ange de Fiesole ?

Quel pays que celui où, les portes du Baptistère étant mises au concours, on vit paraître à la fois parmi les concurrents Donatello, Brunelleschi, Giacopo della Quercia et Ghiberti ! Il faut voir dans Vasari[1] ces assemblées, ces rendez-vous des artistes de Florence, se promenant ensemble devant la cathédrale comme les philosophes et les sculpteurs d’Athènes sur l’Agora et dans les jardins d’Académus. Les grands peintres comprenaient la fécondité de ces entretiens. Ils aimaient à les représenter. De là, les fresques de Giotto au Bargello, de Ghirlandaio à Sainte-Marie-Nouvelle, de Simon Memmi à la chapelle des Espagnols et ces beaux groupes de contemporains célèbres conversant ensemble. Là, revivent Dante, Brunetto Latini, Corso Donati ;- Politien, Marsile Ficin, Landino,- Cimabue, Arnolfo di Lapo et Lapo :

  1. Vasari, Vita di Filippo Brunelleschi, scultore e architetto florentino, t. I, p. 254.