Mon bien cher ami,
Il y a longtemps que vous accusez mon silence, et vous ne comprenez pas qu’après avoir été si affectueusement accueilli par mes amis de Lyon, j’aie pu rester quatre mois sans leur adresser quelques lignes de souvenir. Vous verrez cependant que je ne suis pas sans excuses et que j’en ai malheureusement de trop légitimes. D’abord presque en vous quittant, comme je visitais les ruines de l’abbaye de Montmajour près d’Arles, je me suis maladroitement foulé le poignet de manière a passer un mois sans pouvoir toucher une plume. Quand j’ai repris l’usage de mes doigts, j’ai dû réparer le temps perdu et m’employer sans réserve aux recherches dont M. le ministre m’avait chargé ; je voulais lui adresser un premier rapport avant de rien écrire pour ma satisfaction personnelle. Enfin j’avais acquitté ma dette, et je croyais avoir