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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM


Amen. C’est assurément le plus bel acte de foi que j’aie vu de ma vie. Mais à peine la cérémonie religieuse a-t-elle été finie, que l’enthousiasme populaire n’a pu se contenir, et ce qui ne s’était jamais vu sous le pontife précèdent, les vivats ont éclaté ; on agitait les mouchoirs et les chapeaux, un amour immense enlevait pour ainsi dire tous les coeurs. La garde civique voulait mettre ses schakos au bout des fusils et le genou en terre, pour rendre ainsi à Pie IX un honneur militaire qui n’a été rendu qu’à Napoléon mais le pape, instruit de ce projet, avait fait défendre qu’on mêlat aucune démonstration politique à une solennité toute sacrée. Cependant la garde civique a longtemps attendu sur la place, avec une foule innombrable, dans l’espoir de saluer le pape au passage quand il retournerait au Quirinal. Il a encore éludé cet empressement en retardant son départ jusqu’à quatre heures du soir, et alors, quand sa voiture a paru, le peuple s’est précipité pour dételer les chevaux ; le pape ne le permettant point, on l’a accompagné jusqu’au Quirinal, c’est-à-dire à plus d’une demi-lieue de distance, et la place du palais s’est trouvée en un instant encombrée d’une multitude qui saluait Pie IX des plus vives acclamations. Il a fallu qu’il reparût encore au balcon pour donner encore une fois sa bénédiction pontificale et paternelle. Déjà la veille quatre cents jeunes gens, avec des torches, s’étaient rendus sous ses fenêtres pour lui