Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/214

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gleterre ait temps d’Alfred, ’en Allemagne sous les Othon, et j’arriverais ainsi à Grégoire VII et aux croisades. Alors j’aurais les trois plus glorieux siècles du moyen âge les théologiens comme saint Anselme, saint Bernard, Pierre Lombard, Albert le Grand, saint Thomas, saint Bonaventure ; les législateurs de l’Eglise et de l’État, Grégoire VII, Alexandre III, Innocent III et Innocent IV ; Frédéric II, saint Louis, Alphonse X toute la querelle du sacerdoce et de l’empire ; les communes, les- républiques Italiennes, les chroniqueurs et les historiens les universités et la renaissance du droit ; j’aurais toute cette poésie chevaleresque, patrimoine commun de l’Europe latine, et, au-dessous, toutes ces traditions épiques particulières à chaque peuple, et qui sont le commencement des littératures nationales. J’assisterais à la formation des langues modernes et mon travail s’achèverait par la Divine Comédie, le plus grand monument de cette période, qui en est comme l’abrégé et qui en fait la gloire.

Voilà ce que se propose un homme qui a failli mourir il y a dix-huit mois, qui n’est pas encore bien remis, assujetti à toutes sortes de ménagements que vous connaissez d’ailleurs plein d’irrésolution et de faiblesses.

Mais je compte d’abord sur la bonté de Dieu, s’il veut achever de me rendre la santé, et me conserver l’amour qu’il m’a donné pour ces belles études.