Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/286

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et. après maint cahot, et mainte ornière franchie, nous sommes arrivés a Vannes, honnête ville sans beaucoup de physionomie, si ce n’est des maisons dont les étages débordent les uns sur les autres, et sa cathédrale qui a de curieuses parties. Le peuple en effet commençait a se mettre en émoi pour la procession de Saint-Vincent ; mais l’émoi des Bretons n’a rien de méridional : pas de cris, pas de chants, pas de joyeuses guirlandes. Seulement les habitants, avec le calme le plus parfait, tapissaient de draps blancs le devant de leurs maisons. Des groupes se formaient toujours plus nombreux, mais toujours uniformément vêtus de noir. Les femmes égayaient ce costume par la variété de leur coiffure qui se réduit à un petit voile blanc retroussé ou découpé de diverses manières, et par la couleur éclatante de leurs tabliers : nous en avons remarqué quelques-unes avec de petites vestes rouges, et une certaine matrone qui portait une large ceinture d’argent. Les hommes, généralement plus beaux que leurs compagnes, avaient le chapeau rond larges bords, le gilet blanc bordé de rouge ou de vert à revers pareils, une veste très-longue ou plutôt une courte redingote noire, doublée aussi de vert ou de rouge, avec des broderies pareilles sur les poches. La plupart portaient les cheveux longs ; mais la maigreur de cette chevelure n’a rien d’agréable aux yeux. A l’église, un grand nombre de ces braves gens se pressaient vers le