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NOTES DE VOYAGE

Je voudrais fixer le souvenir de cette vue mélancolique et belle que j’avais des hauteurs voisines de Saint-Pol, d’un côté la mer, mais la mer du Nord, brumeuse à l’horizon, semée d’écueils innombrables que découvrait la marée descendante. Ces brumes et ces récifs se prêtent bien aux merveilleuses histoires des saints qui abordèrent la côte de Léon, et l’on ne voit point pourquoi les rocs ne se seraient pas ébranlés comme les barques pour les porter où Dieu les voulait. En présence de la mer, tout devient croyable, parce que le Maître de toutes choses s’y fait mieux sentir ; et que devant l’immensité les calculs humains s’évanouissent. De l’autre côté, la vielle ville de Saint-Pol se dessinait sur le ciel avec ses flèches nombreuses comme celles.d’une cité du moyen âge, dominées par l’admirable aiguille du Cresker. C’était bien la ville sainte de la Basse Bretagne et celle qui conserve, avec les plus riches traditions, le dialecte le plus