Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/361

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père, sans donner à des parents que j’aimais si fort aucun signe d’attachement. Maintenant il faut mettre fin à cette espèce de négligence qui n’était certes pas l’oubli, mais plutôt l’embarras d’un homme surchargé de travail. En parcourant d’anciennes lettres, il y a quelques jours, j’envoyais une où ma bonne mère me parlait de toi comme de son enfant ; je retrouvais notre correspondance d’étudiants où nous nous traitions comme deux frères. Cher ami, renouons la chaîne ; au moins deux fois par an donnons-nous de nos nouvelles. Que je sache quelque chose de cette bonne et charmante cousine que j’ai à peine entrevue, et de l’enfant que je ne connais pas. Peut-être Dieu lui a-t-il donné des frères ou des sœurs. Ma petite fille à moi est toujours seule :heureusement, elle a une bonne santé. J’admire vraiment l’art infini de la Providence dans cette vie tout entrelacée de consolations et d’épreuves, de joies inexprimables et de douloureuses sollicitudes, qui nous tient sans cesse en haleine, qui ne nous permet jamais ni le repos ni le découragement. Au fond, et malgré bien des peines, je suis aussi heureux qu’on puisse l’être ici-bas, avec les blessures que nous fait la mort, et que ravive profondément la perte de ton bon père.

Je t’écris ceci d’Orléans, où l’on m’a envoyé pour faire des examens et où mille importunités ne me permettent pas de tracer deux phrases de suite.