Mon cher frère,
Mille remercîments des soins que tu as pris. Mon livre et mes notes me sont arrivés hier sans accident. Je n’en travaille pas beaucoup plus pour cela ; mais je me dis que je puis travailler, ce qui est déjà une assurance contre l’ennui. Ensuite je parcours mes notes, j’ouvre mon livre, je donne carrière à mon imagination, je fais des plans, jusqu’à ce qu’Amélie m’emmène à la jetée où le vent du Nord emporte mes plans, et je me mets à regarder pour la vingtième fois jusqu’à quelle hauteur s’élèvera la mer, ou combien l’on compte de voiles à l’horizon. Tu vois que l’étude ne me tue point. Lundi nous passâmes une des plus charmantes journées. Le ciel était d’une sérénité parfaite ; la mer argentée, étincelante, venait se jouer sur le sable ; à droite et à gauche les blanches falaises se courbaient pour former un bassin im-