ravis de tous les prodiges que la mécanique fait voir et de tous ceux qu’elle promet. Mais si l’on met à part l’exposition Indienne et chinoise, je suis -désenchanté par cette uniformité sous laquelle la civilisation matérielle menace d’envelopper le monde. Il y, a là des chapiteaux de carton-pierre pour les colonnes d’une nouvelle banque qu’on bâtit à Adelaïde-Town, en Nouvelle-Hollande. Il y a des pianos fabriqués au Canada et des tables venues de la terre de Van-Diémen. Cette exhibition n’est guère que celle des objets de luxe, des produits que demande et paye la classe des riches. Les besoins factices de cette classe se ressemblent d’un bout à l’autre du monde ; une parure destinée a la reine d’Espagne est précisément la jumelle de celle qui doit orner le front d’une impératrice de Russie. Dieu avait fait la terre d’une variété infinie qui la rendrait agréable à ses yeux ; l’industrie menace d’y mettre une monotonie qui entraînera à sa suite la lassitude et l’ennui. Pour moi, après avoir vu cet abrégé de la puissance humaine au bout de soixante siècles tout à l’heure, je me disais « Quoi l’homme ne peut rien de plus ? Le dernier effort de son génie sera de croiser l’or sur la soie, de mêler des feuilles d’émeraudes à des fleurs de diamants ! »au sortir je me réjouissais de voir ces gazons verts du parc, les groupes de grands arbres, les moutons qui paissaient au-dessous, et tout ce que l’industrie n’avait pas fait.
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