Mon cher ami, que pensez-vous de mon retard ?
Après la lettre si bonne et si chaleureuse que vous
m’aviez adressée en quittant l’Europe, ne devais-je
pas vous poursuivre à toutes voiles, pour qu’un
mot de votre ami reconnaissant vous arrivât bientôt
dans ce nouveau monde, où vous étiez déjà connu,
mais pas encore aimé ? Maintenant vous n’avez plus
besoin de ma visite. Voici deux mois à peine que
vous parcourez l’Amérique, elle n’a déjà plus de
solitude pour vous il suffisait de vous montrer,
vous avez été aussitôt accueilli, fêté, comblé d’honneurs.
Et cependant, au milieu de cet accueil, de
ce mouvement qui vous emporte, vous trouvez des
heures pour les absents, et vous m’adressez de Montréal
des pages deux fois précieuses par la date et
par la signature. Je vous en remercie tendrement,
et je n’en suis que plus pressé de justifier mon silence.
Mais vraiment, je n’ai su qu’il y a peu de
jours où il faut vous écrire, et depuis lors, comme