Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/427

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reste beaucoup de foi, des traditions antiques, et surtout des costumes nationaux qui ont eu le bon goût de se conserver intacts. Comment supposer notre corruption moderne à ces paysans qui ont gardé le béret de leurs pères, les cheveux tombant jusque sur l’épaule, la veste rouge se détachant sur un beau gilet blanc, la ceinture, la culotte courte, la guêtre, et dans toute leur personne je ne sais quoi de naïf et de fin, de lourd et de dégagé? Je les ai vus recueillis et graves a la procession, et un moment après, menant la danse avec une franche gaieté au bruit d’un chant monotone qui ressemblait à la litanie des saints.

Tout en faisant ainsi l’école buissonnière dans les Pyrénées, nous avons accompli le pèlerinage de Bétharran, sanctuaire fréquenté dès le quinzième siècle ; la piété des peuples honore en ce lieu la Vierge au Rameau d’or. Ce rameau d’or fut offert par une jeune fille qui, tombée dans le torrent voisin, fit un vœu à Notre-Dame, et au même instant trouva sous sa main un rameau où. elle s’attacha. Je me suis aussi cramponné de toutes les forces de mon âme à la branche libératrice, à celle que nous appelons la Consolatrice des affligés et le Refuge des pécheurs. Puis, comme il fallait achever notre -route, nous avons fini par arriver à Biarritz. C’est bien sans mentir un des plus jolis pays du monde, un village tout blanc et tout riant, jeté sur des rochers rougeâtres, au bord d’une mer parfaitement