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ANNÉE 1842

manque le plus, c’est. la force. On la connaît, si peu que plusieurs pensent l’avoir, parce qu’ils ont la violence et l’emportement, qui sont au contraire, comme tout ce qui est convulsif, des preuves de malaise et de faiblesse. L’air que nous respirons n’est pas sain., et tout concourt à nous amollir. Dans ces courts moments que je passai avec vous a Bligny en vous voyant, entouré de cette pieuse et tendre famille, si aimé de tout le monde, si voué a tous les intérêts publics, joignant à vos laborieuses fonctions le soin de tant de bonnes œuvres, et trouvant encore tant d’activité pour les rapports d’amitié, tant de loisir pour les lettres, je croyais avoir une image d’un autre temps quelqu’un de ces magistrats du dix-septième siècle, avec leur maison patriarcale et leur cabinet de savant, l’exemple d’une vie comme il n’y en a pas autour de moi, et comme je voudrais la mienne, pleine de choses et non de paroles. Ce souvenir, avec la belle nuit qu’il faisait, avec votre jardin vu aux flambeaux,’avec cette religieuse chapelle où nous priâmes ensemble, et ensuite la gracieuse hospitalité de votre maison de Beaune, forme une des plus heureuses impressions de voyage que j’aie jamais remportées dans mon coeur.

J’espère donc que du fond de cette retraite où vous avez trouvé l’énergie dans le calme, vous continuerez de nous prêter la main, au milieu de cette existence agitée, tumultueuse, et par conséquent