Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/520

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dre à vos dernières lettres, cher ami, ce n’est pas le bon vouloir qui a manqué j’évitais de vous affliger en vous donnant de fâcheuses nouvelles, j’en attendais de meilleures. Depuis deux mois vos amis d’Italie ont été bien éprouvés. On ne me laisse pas ignorer qu’il sagit d’une maladie longue et difficile à guérir ; mais comme je n’ai point de fièvre, comme je garde auprès de moi deux bons médecins, le sômmeil et l’appétit, on me donne bon espoir, et l’on me permet de songer à mon retour pour la fin d’avril, à mon cours pour le 15 mai. En attendant, nous avons eu des heures pénibles, peu de souffrances, mais beaucoup d’inquiétudes. On s’accordait à déclarer qu’il me fallait, un climat sec et chaud, et nous vivons depuis tantôt soixante jours dans une pluie éternelle, qui’me remet sans cesse sur les lèvres ces vers de Dante

Io sono al terzo cerchio detia piova
Eterna, maledetta, fredda e greve :
Regola e quatita mai non l’è nuova.

Sous ce voile de pluie on peut encore relire l’Enfer, mais on ne peut pas porter ses rêves au Campo Santo, ou ces tristes averses achèvent d’effacer le peu qui reste de l’histoire de Job. Il a fallu renoncer au pèlerinage de Rome, aux catacombes, au tombeau de saint Pierre, à cette messe de Pâques, pour moi la plus grande des choses visibles. On vit au logis ; au coin d’une cheminée prussienne mais les con-