Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avril, et certes si je me tire d’affaire, elle aura une grande part du mérite.




Cependant Ozanam subissait toutes les angoisses d’une maladie lente des reins, sur laquelle l’influence des meilleurs climats et des plus puissants remèdes n’avait pas de pouvoir. Il supportait le vain espoir de guérisons qui étaient suivies de rechutes chaque fois plus graves. Il savait vivre ainsi, incertain entre la vie et la mort, tour à tour reconnaissant ou résigné.

L’Écriture sainte fut pour lui une nourriture journalière, et, malgré les plus incessantes occupations, il lisait chaque matin un passage de l’Écriture dans une Bible grecque ; il y avait trouvé l’appui de sa jeunesse, et quand les jours mauvais furent venus, son âme se fortifia et grandit par les pensées mêmes dont il l’avait nourrie.

C’est ainsi qu’au milieu de ses défaillances, il passa les longues heures de ce triste hiver de Pise à relire d’un bout à l’autre l’Écriture sainte qu’il avait lue toute sa vie ; et, sa pensée se reportant alors vers tous ceux qui languissaient comme lui, il annota les passages qui pourraient les consoler[1]. Il épanchait aussi son immense tristesse devant Dieu dans des prières trop fortifiantes pour ne pas les faire connaître. Il se voyait frappé de mort, jeune, aimant la vie, tout comblé de ce qui attache à la terre, et, malgré le déchirement de son âme, malgré l’épuisement de ses forces, le murmure ne touchait pas ses lèvres : elles n’eurent de parole que pour bénir !



  1. On a rassemblé ces pages éparses elles ont formé le Livre des malades, lectures tirées de l’Écriture sainte, par A. F. Ozanam.