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ANNÉE 1842

journaux, portée à mes amis des quatre coins de la France par tous les organes de la publicité. Assurément nous attendions cette conclusion comme un grand bonheur ; et toutefois il faut vous confesser que notre joie a été beaucoup plus vive encore que nous n’eussions pensé. Il est presque humiliant d’être si ému d’un avantage temporel ; mais dans le premier moment, cette fin mise à tant de craintes et de sollicitudes, cette sécurité naissante, ce sentiment de paix, nous a touchés, Amélie et moi, plus que je n’ose dire.

J’étais si heureux de voir que cette vie si chère, attachée à ma vie, serait désormais assurée, autant que faire se peut humainement, contre les soucis et les vicissitudes qui fatiguent les plus nobles cœurs : qu’un rang honorable et digne d’elle lui était donné ; et qu’en même temps je me trouvais dans des conditions d’indépendance qui me permettraient de faire mon devoir sans crainte de soupçons mortifiants et d’interprétations menaçantes ! Bientôt les félicitations de nos amis sont venues ajouter à la douceur de ces premiers moments ; nous ne savons plus si nous sommes plus joyeux de notre succès, que du plaisir qu’il fait à tant de gens de bien, à tant de personnes respectables, bonnes et dévouées.

Je savais bien, et Dieu nous en avait assez fait faire l’expérience, qu’on avait besoin de ses amis dans la tristesse mais nous ne savions pas qu’on