Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/105

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sont celles de vos vertus, et tout ce qu’il y a de parfums dans ce livre vient de vous[1]. » Telle était la courtoisie de ce grand esprit mais je trouve plus lorsque j’arrive à saint Augustin. Saint Augustin est par-dessus tout l’ouvrage de sa mère, sainte Monique elle l’avait enfanté deux fois la première, dans les douleurs de la chair ; l’autre, dans les angoisses du cœur c’est cette fois qu’elle l’avait enfanté pour l’éternité. Nous savons avec quelles larmes elle avait suivi les égarements de son fils, et sa joie à cette parole d’un évêque, qui lui promet que le fils de tant de larmes ne peut pas périr.

Elle a la première joie de sa conversion et la première place dans les Entretiens philosophiques de Cassiciacum. Et comme la bonne mère demande si jamais on a vu dans les livres que les femmes aient philosophé, Augustin répond que si la philosophie n’est autre chose que l’amour de la sagesse, Monique, qui aime Dieu depuis bien plus longtemps, est bien plus près de la philosophie, « car, après tout, ma mère, dit-il, ne craignez-vous pas la mort bien moins que beaucoup de prétendus sages», et il ajoute qu’il se ferait volontiers son disciple. Aussi, bien loin de l’écarter de ces disputes, il l’engage a y prendre part, et déclare que, si jamais ces livres qu’il écrit tombent entre les mains de

  1. S. Ambr., de Viginibus, ad Marcellinam sororem suam, I,II, c.VI.