à côte de l'autel. Il lui éleva une chaire, un second autel, pour ainsi dire, auprès du sanctuaire. On vit alors ce que le paganisme n’avait jamais vu, on vit la parole en prose, simple, et sans ornement, dans le temple, au milieu des mystères. Il est vrai que par là même le caractère de la parole changeait elle cessait d’être un spectacle pour devenir un enseignement ; son but n’était plus de flatte r les sens, mais d’éclairer les esprits et d’ébranler les cœurs. Voilà pourquoi, dans l’éloquence chrétienne, l’action disparaîtra presque entièrement ; et comment attendrait-on l’action de ces évêques qui, assis et presque immobiles sur leur trône pontifical, au fond de l’abside, s’adressent à une multitude composée de pauvres, d’esclaves, de femmes,de gens ne connaissant guère les délicatesses antiques de la déclamation grecque ou romaine[1] ? Eri second lieu, l’élocution même perdra beaucoup de son importance, la disposition sera négligée, et toute l’application de l’art chrétien se réfugiera, dans l’invention, dans la conception plus profonde, plus entière du sujet. Vous le voyez, l’art diminue, mais l’inspiration augmente, et, ce que je constate, c’est qu’au cinquième siècle l’inspiration s’était retirée de la rhétorique, n’y laissant
- ↑ EXTRAIT DES NOTES DE LA ’LEÇON. La parole ; c’est la prédication ; l’orateur, c’est l’évêque ; la -parole, c’est l’accomplissement d’un devoir ; c’est un acte, un ministère, c’est un sacerdoce ; elle n’est plus au service de l’intelligence, mais de l’amour.