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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/170

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le ministère de la parole. On a compté avec erreur saint Ambroise parmi ceux des Pères qui s’étaient montrés étrangers à part et ennemis des lettres : au contraire, il est encore tout nourri des chefs-d’œuvre de l’antiquité, et il en a si bien gardé-le parfum, qu’il s’attache à trouver les règles de l’art, même dans l’Écriture sainte. Dans les lettres qu’il écrit à un nommé Juste, il s’applique à montrer comment partout dans l’Écriture, il trouve les trois choses que les rhéteurs regardaient comme nécessaires pour faire un discours complet une cause, une matière et une conclusion. Ainsi saint Ambroise est tout pénétré des règles antiques, des grâces mêmes de l’antiquité, et il en paraîtra quelque chose dans les préceptes qu’il tracera à l’orateur chrétien. En voici le résumé « Que le dis «  cours soit correct, simple, clair, lucide, plein de dignité et de gravité ; qu’il n’y ait point d’élégance affectée, mais qu’il s’y mêle quelque grâce. Que dirai-je de la voix ? Il suffit, selon moi, qu’elle soit pure et nette ; car c’est de la nature et de nos efforts qu’il dépend de la rendre harmonieuse. Que la prononciation soit distincte et mâle, qu’elle s’éloigne du ton rude et grossier des campagnes sans prendre le rhythme emphatique de la scène, mais qu’elle conserve l’accent de la piété[1]. »

  1. S. Ambroise, de Officiis ministrorum, c. 22, 23.