Une autre fois, il s’agissait, d’un usage moins
dangereux, mais plus difficile à déraciner On
avait institué à Hippone des banquets demi-païens
qui se célébraient dans l’église et s’appelaient
Laetitia. Les gens d’Hippone paraissaient bien
disposés à ne pas renoncer à cette coutume le
vieil évêque Valère avait appelé Augustin à venir
partager avec lui le fardeau de l’épiscopat et le
ministère de la parole. Il le chargea d’attaquer
encore une fois cette coutume profane, contre
laquelle tous ses efforts étaient demeurés impuissants.
Ce fut pour Augustin l’occasion d’un nouveau
triomphe. Aussitôt qu’on sut qu’il parlerait sur ce
point, on s’entendit pour ne tenir aucun compte
de son discours. Cependant, par curiosité, on alla
l’entendre il parla trois fois, à trois jours différents,
et, le jour où il resta maître du terrain, il
avait pris en quelque sorte avec lui toutes ses armes,
il avait fait apporter tous les livres de l’Écriture
sainte, il avait fait lire l’Évangile du Sauveur chassant
les marchands du temple, il avait lu l’Exode,
où sont représentés les Juifs adorant les faux dieux,
et prenant ensuite le livre des Épîtres de saint Paul,
il avait lu les passages dans lesquels saint Paul
flétrit l’ivresse et les banquets ; ayant enfin rendu
tous ces livres à celui qui en était le gardien :
« Je commençai, dit-il, à leur représenter le commun péril et d’eux qui nous étaient confiés, et
de nous qui rendrions compte au prince des