Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/200

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tresse de l’erreur, tu es devenue disciple de la vérité. Par eux tu es née sous de meilleurs auspices qu’au jour où celui qui te donna son nom te souilla du sang de son frère. Ce sont eux qui t’ont conduite à ce degré de gloire où je te vois, peuple élu, famille sainte, cité sacerdotale et royale, devenue, par le siège de Pierre, la capitale du monde, régnant par la foi plus loin que par l’empire. Car, si tes victoires ont étendu ta puissance sur la terre et sur les mers, les labeurs guerriers t’ont soumis moins de provinces que la paix chrétienne.

Dieu bon, juste et tout-puissant, qui ne refusa jamais sa miséricorde au genre humain… a pris pitié de notre malice en nous envoyant son Verbe égal et coéternel à lui… et afin que l’effet de cette grâce inénarrable se communiquât par tout le monde, il y pourvut par une admirable providence en fondant l’empire romain, dont les frontières grandissantes reculèrent jusqu’à ce qu’elles touchassent à tous les peuples. Car il convenait souverainement à l’œuvre divine qui se préparait, que les royaumes divers se confondissent sous une même puissance, et que le gouvernement d’une cité reine, en maîtrisant tant de peuples, ouvrît parmi eux les voies à la prédication universelle. Rome, cependant, ignorant l’auteur de ses progrès, en même temps qu’elle régnait sur toutes les nations, s’était rendue l’esclave de toutes les erreurs, et croyait s’être fait une grande religion, parce