Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/203

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que la vérité, elle aspirait plus à charmer les hommes qu’à les instruire, elle s’attachait à imiter la poésie ou l’éloquence. Hérodote, en décrivant la lutte de l’Asie et de la Grèce, se souvenait d’Homère et l’on a donné à ses livres les noms des neuf Muses : il les lisait aux jeux olympiques au milieu des acclamations de toute la Grèce. Thucydide assiste à ce spectacle, comprend l’impossibilité de lutter contre un tel rival s’il ne s’ouvre une autre voie, et quand il écrit ses livres de l’histoire du Péloponèse, il y insère trente-neuf harangues, toutes de sa composition, qui resteront l’admiration des contemporains et l’objet principal de l’étude et de l’imitation de Démosthènes. Chez les Latins, c’est le même entraînement Tite-Live, dans les premiers livres de son histoire, fait l’épopée de Rome et, dans les suivants, nous donne tous les grands spectacles de l’éloquence politique ; Salluste et Tacite prennent les mêmes libertés ; tous manient les événements et le passé avec cette indépendance de Phidias et de Praxitèle mettant le ciseau dans le marbre. Ainsi l’histoire, chez les anciens, est surtout poétique, oratoire ; plus tard, elle cherche à devenir savante, et vous rencontrez des hommes obscurs en comparaison, des hommes comme Denys d’Halicarnasse, Diodore de Sicile, qui s’efforceront de pénétrer dans les antiquités et de remonter aux causes cachées des événements négligées par leurs devan-