Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/218

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encore. Et, lorsque Antoine l’eut satisfait sur tous ces points, il eut faim, et alors un corbeau s’abattit sur le palmier, apportant un pain cuit sous la cendre, et Paul dit à Antoine. « Reconnaissez ! a Providence de Dieu jusqu’ici, chaque jour, je recevais ta moitié, d’un pain, aujourd’hui ! a Providence a prévu que nous serions deux pour rompre ce pain, et elle m’envoie un pain entier.  » Ensuite Paul découvrit à Antoine qu’il avait connu et attendu sa venue, « car l’heure de mon départ de ce monde est arrivée, et tu n’es venu ici que pour prendre soin de ma sépulture, » Et il lui demanda de l’ensevelir dans le manteau que saint Athanase lui avait donné. Antoine se remit en route pour aller le chercher dans sa cellule,’et il se mit à dire « Malheureux que j’étais ! j’ai. vu Élie, j’ai vu Jean dans le désert, j’ai vu Paul dans le paradis. » Et, ayant pris le manteau d’Athanase, il retourna vers la demeure du solitaire, mais, lorsqu’il arriva, Paul venait d’expirer il était prosterné en prières, tel que la mort l’avait surpris, mais l’âme n’y était plus. Et alors Antoine songeait à l’ensevelir, mais comment pouvait-il ouvrir la terre ? Il attendait donc avec désespoir, résigné à mourir plutôt que de l’abandonner en proie aux bêtes féroces, lorsque deux lions parurent, et Antoine ne se troubla pas plus que si c’eussent été deux colombes. Ils creusèrent une fosse, puis après vinrent lécher les pieds d’Antoine, et Antoine,