Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/221

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qui poursuit les grandes âmes, les âmes fermes et spiritualistes. Car les causes premières sont immatérielles, et les temps matérialistes se contentent de connaître les faits ; toujours les faits, rien que l’observation des faits. Les temps spiritualistes veulent aller aux causes, parce qu’elles planent au dessus des faits ; en un mot, parce qu’elles sont esprit.

Les anciens n’avaient rien connu de pareil. Contents de recueillir les faits et les causes visibles, ils ne s’élevaient pas à ces causes supérieures et invisibles qui gouvernent toutes choses. Ils avaient fait peu d’efforts pour constituer la philosophie de l’histoire. Sans doute, ce besoin de rattacher toute chose à un principe supérieur ne les avait jamais entièrement abandonnés, et Hérodote lui-même, quand il montre la chute des empires, laisse apercevoir je ne sais quelle puissance mystérieuse, qu’il appelle τὸ θεῖον , qui a une secrète jalousie contre ce qui s’élève, et, tôt ou tard, rabaisse-les grandeurs d’ici-bas quand elles sont devenues trop hautes. Voilà toute la, philosophie de l’histoire d’Hérodote.

Ceux qui viennent après lui expliquent bien moins encore la succession des événements. Le christianisme avait donc sur ce point un effort à faire, et alors comme toujours il fallait de grands faits pour produire une grande inspiration. Je ne crois pas qu’il puisse dans le monde se passer un