Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/229

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mépris de soi. » Les deux cités sont entrelacées pour ainsi dire et confondues dans la vie, et les pèlerins de la cité de Dieu voyagent à travers la cité des hommes.

Les patriarches, le peuple juif, les justes, représentent la cité de Dieu. Celle de la terre est pressée de s’attacher ici-bas. Caïn bâtit la première ville, Babylone. Romulus, fratricide comme Caïn, bâtit Rome. Babylone est la première Rome, Rome est la seconde Babylone deux grands empires, dont l’un commence quand l’autre finit. Même durée, même puissance, même oubli de Dieu. Saint Augustin résume toute l’histoire dans un tableau synchronique où il mène de front les Assyriens, les Juifs, les rois de Sicyone et d’Argos, et il continue jusqu’à l’avénement du Christ et aux progrès de l’Évangile. La cité de Dieu va grandissant encore, elle n’a pas péri à ce délai fatal de trois cent soixante-cinq ans que lui avaient fixé les païens, et qui finissaient en 599, année où les temples des dieux furent fermés à Carthage. Le problème de la fin de l’homme avait partagé les philosophes en deux cent quatre-vingt-huit sectes. Mais toutes cherchent cette fin dans la vie présente. Le christianisme la met dans la vie future. Il prouve contre les épicuriens le vide des plaisirs terrestres, contre les stoïciens l’insuffisance des vertus humaines, L’homme est né pour la société, mais la justice sociale n’est jamais complétement