Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/233

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montre dans l’avilissement des mœurs favorisé par les lois romaines, et déclare, sous ce rapport, la supériorité des barbares. Vous connaissez ces célèbres’ paroles « Les Francs sont perfides, mais hospitaliers ; les Alains sont impudiques, mais sincères ; les Saxons sont cruels, mais justes ; mais nous, nous réunissons tous les vices. » Il représente les Vandales envoyés en Afrique pour balayer les immondices dont les Romains avaient souillé cette contrée. Il déclare la loi vandale supérieure à la loi romaine, parce qu’elle ne reconnaît ni la prostitution, ni le divorce. Il loue ceux des Romains qui, conquis par les barbares, aiment mieux demeurer sujets germains que sujets de l’empire. Salvien a franchi le dernier pas : il a passé du côté des barbares. Ainsi vous voyez les progrès de la philosophie de l’histoire. Dans les derniers temps du cinquième siècle, cette science nouvelle ne perdra rien de sa grandeur. Dans les, jours difficiles qu’elle va traverser, vous savez quelle popularité infinie s’attache au nom de saint Augustin. Charlemagne lui-même, dans ses moments de repos, venait chercher des leçons dans le livre de la Cité de Dieu ; Alfred le Grand traduisait en langue saxonne le livre de Paul Orose ; Dante était tout nourri de la Cité de Dieu , et il y a un chant du Purgatoire, qui n’est autre chose qu’une paraphrase d’un chapitre de ce livre admirable. De plus, Paul Orose est au nombre des cinq ou six