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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/242

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l’Église est comme une aurore qui, de toutes parts, réveille les chants. Au moment où le christianisme prend, avec Constantin, la couronne des Césars, il semble qu’il va prendre aussi le laurier de Virgile, si nombreux sont les auteurs chrétiens qui écrivent en vers. Ce nombre est tel, que déjà il les faut diviser, et, adoptant la grande classification des anciens, nous distinguerons deux genres : l’épique et le lyrique. Le christianisme, vous le comprenez, n’avait pas encore ouvert le théâtre.

Ainsi deux genres existent déjà : et d’abord le genre épique, dans lequel je comprends, comme faisaient les anciens, la poésie didactique, par exemple les instructions contre le paganisme, données par le poëte Commodianus, ou encore le poëme contre les semi-Pélagiens de Prosper d’Aquitaine, devenu célèbre depuis par l’imitation qu’en a faite Louis Racine. Mais la direction principale, la tendance, l’effort général de la poésie chrétienne dès cette époque, c’est de réduire sous ses lois les récits du christianisme, de s’attacher à ces traditions bibliques qui sont le fondement même de la foi, de leur prêter l’éclat de la versification latine et les ornements dérobés aux auteurs païens : c’est là la pensée qui domine. En effet, nous voyons. des poëtes, comme Dracontius, saint Hilaire d’Arles, Marius Victor, s’attacher aux premiers souvenirs bibliques, aux scènes de la Genèse et à cette aimable simplicité du monde naissant. D’autres,