Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/250

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voulu que rien de ce qui ressemblait a la poésie, à la fiction, pût envelopper ce dogme fondamental du christianisme sur lequel repose toute l’économie de la civilisation et de l’univers. Mais à côté de cette épopée chrétienne qui se dégage avec tant d’efforts des difficultés de son origine, il y a la poésie lyrique, libre épanchement de l’âme qui ne s’enchaîne par des vers que pour pouvoir se fixer et se transmettre. Dès les commencements du christianisme, des poëmes lyriques durent s’y produire. En effet, saint Paul lui-même exhorte les fidèles à chanter des cantiques, et on retrouve la. trace de ces chants en lisant la lettre de Pline à Trajan, ou bien celle où saint Justin décrit la liturgie des chrétiens de son temps. Ainsi encore, une antique tradition qui avait cours en Orient rapportait que saint Ignace, évêque d’Antioche, dans une vision, avait contemplé le ciel ouvert, et avait entendu les anges chantant à deux chœurs les louanges de la sainte Trinité. De la, n’avait introduit le chant à deux~ chœurs dans les églises d’Orient. Il y a quelque grâce et quelque majesté à faire descendre du ciel même l’origine du chant ecclésiastique.

Mais si l’Orient, dès le commencement du cinquième siècle, avait adopté le lyrisme chrétien ; il n’en était pas de même en Occident. Ce fut au temps de saint Ambroise, et dans une circonstance mémorable de la vie de ce grand homme, que le