Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/264

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tion et la gloire de Prudence fut d’être le poëte des chrétiens. Ne en Espagne, à peu près au temps où Paulin naissait en Gaule, c’est à-dire en 548, il avait passé par les écoles, où il avait appris l’art de l’éloquence, l’art, dit-il, détromper en paroles sonores. Après d’éclatants succès de barreau, après avoir gouverné successivement deux villes dans sa patrie, enfin, après avoir été élevé à une dignité supérieure de la hiérarchie impériale qu’il ne définit pas, arrivé ainsi au-comble des honneurs auxquels pouvait aspirer un avocat dans les provinces, Prudence, alors âgé de cinquante-sept, ans, las des dignités et des affaires, résolut de retourner à Dieu ; la neige qui blanchissait déjà sa tête l’avertissait, ainsi qu’il nous le dit dans une sorte de petite préface, qu’il était temps de consacrer à Dieu ce qui lui restait de voix. Des diverses compositions qui devaient sortir de sa plume, les unes appartiennent à la théologie, à la polémique ; les autres appartiennent à l’inspiration lyrique. Cependant, malgré son intention de servir la foi catholique par là discussion, remarquez bien la hardiesse de cette expression, il ne s’exagère pas la puissance de ces armes qu’il va porter au service d’une cause sainte, et il en parle avec une humilité qui a aussi sa grâce : « Il est temps de consacrer à Dieu le reste de sa voix ; que les hymnes accompagnent les heures du jour, et que la nuit ne se taise point ; que les hérésies soient combattues, la foi catholi-