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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/274

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beaux de l’antiquité. Plus tard, il est cité comme le premier et comme le plus illustre parmi les poëtes chrétiens. On voit enfin saint Brunon, archevêque de Cologne, au onzième siècle, un des hommes les plus savants de cette Germanie savante d’une époque mal connue, l’un des hommes de cette renaissance allemande que nous n’avons pas encore étudiée, et que nous étudierons peut-être un jour ensemble, mettre dans la bibliothèque de son église un exemplaire de Prudence ; et ce livre ne sortait pas de ses mains. Prudence fut en possession de cet honneur jusqu’à la Renaissance. La Renaissance entra dans l’école chrétienne ; elle y trouva des poëtes chrétiens au-dessous des poëtes païens auxquels on avait accordé, comme aux plus éloquents, la première place. Assurément Virgile et Horace y étaient restés dans cet honneur que l’antiquité leur avait fait, mais enfin on y trouvait des chrétiens, et comme leur langage n’avait pas toute la pureté cicéronienne, comme Prudence était convaincu d’avoir employé soixante-quinze mots qui n’avaient pas d’exemple dans les écrivains antérieurs, immédiatement toute cette foule de barbares qui, sous prétexte de christianisme, s’étaient introduits dans l’école, furent balayés, chassés, pour que les païens restassent maîtres du lieu. Il y avait aussi quelques raisons accessoires. Prudence avait quelques inconvénients avec son culte passionné pour les martyrs ; ces hommages