Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/291

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des forêts, comme il a figuré plus tard dans l’art, chrétien de tous les siècles, jusqu’à Caldéron, qui a composé un de ses plus admirables Autos sacramentales sous le titre du Divin Orphée. De même, lorsque les peintures des catacombes représentent, à la clef de voûte de leurs oratoires, l’image du bon Pasteur, les archéologues, avec beaucoup de raison, disent : Cette image du bon Pasteur est imitée des anciens.

Les anciens avaient plus d’une fois représenté, même dans les sépultures et ailleurs, les jeux des bergers, et, parmi ces images gracieuses où se complaisaient la peinture et la sculpture antiques, aucune n’était plus agréable que celle d’un jeune pasteur chargeant un chevreau sur ses épaules. Les chrétiens ont pris à côté d’eux, dans des sépultures, l’image de ce berger avec sa chlamyde et tous les détails de son costume, ont mis sur ses épaules le chevreau traditionnel, infidèles en cela au texte évangélique, qui parle de brebis mais l’artiste ignorant a, la plupart du temps, copié le chevreau sur l’image ancienne sans s’inquiéter de la conformité au texte de l’Évangile. Voilà ce qu’ont dit tous les archéologues ; mais cette interprétation est un peu exagérée, et je vais vous faire voir comment une critique plus profonde et plus éclairée peut, tout à coup, illuminer un point mal compris et faire apparaître toute la profondeur, toute la beauté d’un symbole.