tout doit être grossier. Il ne faut donc pas s’étonner de la multitude de fautes d’orthographe et de grammaire, ni de ce grand nombre de mots latins écrits en lettres grecques, ni de tous ces solécismes et de tous ces barbarismes dont ces inscriptions sont pleines. C’est précisément leur gloire, la gloire de ce peuple ignorant, grossier et pauvre, qui devait cependant triompher de la nation riche, puissante, qui était sur sa tête, et qui habitait les palais dorés au-dessous desquels il creusait ces sépultures. Certainement les rhéteurs romains auxquels on aurait porté ces pierres chrétiennes avec ces vers auraient haussé les épaules et demande comment ces misérables Galiléens, qui écrivaient si mal, pouvaient songer a réformer le genre humain. C’était cependant du fond de ces cimetières, de la poésie de ces tombeaux, que devait sortir tout l’art nouveau destiné à changer la face intellectuelle du monde.
Il me resterait à vous montrer la destinée de l’art chrétien à l’époque précise où nous nous sommes placés, c’est-à-dire après les catacombes ; mais il fallait auparavant vous faire connaître où il avait ses racines. C’est qu’en effet, quand l’art chrétien sort des catacombes, quand l’ère des persécutions est finie pour lui, on le voit se développer avec plus de liberté, de variété, et ses branches se détachent, quoique cependant toujours nourries de la même sève et chargées des mêmes fleurs.