Et vainement Constantin rend-il des décrets pour arrêter les cruautés des agents du fisc, déjà poussées à un tel degré, qu’après lui les habitants de certaines provinces émigraient pour passer chez tes barbares et allaient chercher, sous l’abri des tentes des Germains, une vie moins misérable que celle que Rome leur faisait ai l’ombre des toits de leurs pères.
Ces haines, ces rancunes profondes, unissaient par éclater dans les paroles, dans les écrits des hommes éminents de chaque province. Nous avons déjà reconnu en Afrique l’existence d’un parti africain, nous y avons vu le réveil du vieil esprit carthaginois. Ce parti avait élevé à Annibal un tombeau en marbre, et de ces cendres devaient naître des vengeurs qui iraient à leur tour punir Rome, lorsque Genséric lèverait l’ancre.et sortirait des ports de Carthagepour aller rançonner cette orgueilleuse capitale alors déchue. En attendant, l’esprit africain aimait à reproduire ses griefs et il avait trouvé un éloquent interprète dans saint Augustin. Malgré la charité profonde de ce grand homme, et cet amour qu’il étendait à Rome comme au reste.de l’univers, cependant le vieux patriotisme africain se manifeste chez lui plusieurs fois, par exemple lorsque, s’adressant à Maxime de Madaure, il lui reproche de faire ainsi un sujet de risée de ces noms africains qui après tout, sont ceux de sa langue maternelle : « Tu ne peux, dit-il, oublier