Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/349

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Prudence décrit les nations chrétiennes venant au devant du Christ juge, lorsqu’il descendra au dernier jour, et lui apportant chacune dans une châsse les restes des martyrs dont la protection doit la couvrir et l’abriter contre la sévérité divine..

Quum Deus dextram quatiens coruscam
Nube subnixos veniet rubente,
Gentibus justam positurus aequo
Pondere libram.

Orbe de magno caput excitata,
Obviam Christo properatiter ibit
Civitas quaeque pretiosa portans
Dona canistris[1].

Ainsi commençait de bonne heure ce qu’on pourrait appeler le patriotisme religieux. La nationalité chrétienne était bien différente de la nationalité des anciens, de celle qui consistait à déclarer ennemi tout ce qui était étranger : hospes, /hostis . Au contraire, dans l’économie du monde moderne, chaque nationalité n’est autre chose qu’une fonction, que la Providence assigne a un peuple donné, pour laquelle elle le développe, pour laquelle elle le fortifie et le glorifie, mais une fonction qu’il ne peut accomplir qu’en harmonie avec d’autres peuples, qu’en société avec d’autres, nations c’est là le propre des nationalités modernes. Chacune d’elles a une mission sociale au milieu de cette grande société qu’on ap-

  1. Prudence, Peristeph. IV, V, 13 et 59.