Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/355

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chait jamais que pour combattre ; demeurant assis d’une sobriété égale à son opiniâtreté ; se battant toujours, mais par groupes isolés ; les femmes portant des voiles noirs. Tous ces traits sont ceux de l’Espagne moderne. La culture romaine y fit de rapides progrès. Sertorius fonda une école à Osca, au cœur de l’Espagne, et y établit des mahres grecs et latins. Q. Métellus vanta les poëtes de l’Espagne, dont les louanges ne lui déplaisaient pas. Toujours quelque chose d’étranger se remarquera dans cette école hispano-latine destinée à tant d’éclat, et qui doit produire successivement Portius Latro le e déclamateur, les deux Sénèque, Lucain, Quintilien, Columelle, Martial, Florus, c’est-à-dire les deux tiers des grands écrivains du second âge de la littérature romaine. Mais, à l’exception de l’inattaquable Quintilien, tous ne présentent-ils pas précisément cette enflure, cette recherche, ce goût des faux brillants, cette exagération de sentiments et d’idées, cette prodigalité d’images qui constituent les défauts de l’école espagnole ? Tous ne sontils pas, jusqu’à un certain point, représentés par ce rhéteur dont parle Sénèque, qui désirait toujours dire de grandes choses, qui aimait tellement la grandeur qu’il avait de grands valets, de grands meubles et une grande femme ? d’où vient que ses contemporains l’appelaient Senecio grando . Voyez comme l’enflure et l’exagération castillane se caractérisent de bonne heure !