Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/366

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grade , qui peut se lire à volonté par un bout ou par l’autre :

Praecipiti modo quod decurrit tramite flumen,
Tempore consumptum jam cito deficiet.

Ces vers sont infiniment supérieurs à tous ceux de Virgile et d’Ovide, en ce sens qu’on peut les retourner de la sorte en disant

 Deficiet cito jam consumptum tempore flumen,
Tramite decurrit quod modo preacipiti .[1]

. D’autres fois, il y met plus de grâce et d’amabilité, et vous croirez avoir affaire a un bel esprit français du dix-septième siècle, lorsque vous verrez les vers composés par Sidoine Apollinaire pour être gravés sur la coupe qu’Évodius voulait offrir à la reine Ragnahilde, femme d’Euric. Assurément la princesse était bien barbare, mais les vers étaient bien polis. La coupe qu’on voulait lui offrir était en forme de conque marine, et, faisant allusion à cette figure et aux souvenirs que l’antiquité y attachait, Sidoine disait : « La conque sur laquelle le monstrueux triton promène Vénus ne soutiendra pas la comparaison avec celle-ci. Inclinez, c’est notre prière, inclinez un peu votre majesté souveraine, et, patronne puissante, recevez un humble don. Heureuses les eaux qui, enfermées dans le resplendissant métal, toucheront la face

  1. Sid.Apo.,Ep. I, IX, 14